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Bercée dans une culture, prise en sandwich entre deux cultures, enjambant les trois cultures et leurs systèmes de valeurs, la mestiza subit une lutte de la chair, une lutte des frontières, une guerre intérieure. […]

La nouvelle mestiza s’en sort en développant une tolérance pour les contradictions, une tolérance pour l’ambiguïté. […] Elle a une personnalité plurielle, elle opère selon un mode pluraliste —rien n’est expulsé, le bon le mauvais et le laid, rien n’est rejeté, rien n’est abandonné. Non seulement elle nourrit des contradictions, mais elle transforme l’ambivalence en quelque chose d’autre.

Le travail de la conscience mestiza est de défaire la dualité sujet-objet qui la tient prisonnière […]. La réponse au problème entre le peuple blanc et les peuples de couleur, entre le genre masculin et le genre féminin, passe par guérir la déchirure qui est au fondement même de nos vies, de notre culture, de nos langues, de nos pensées. Déraciner massivement la pensée dualiste de la conscience individuelle et collective constitue le début d’une longue lutte, mais une lutte qui pourrait, c’est notre plus grand espoir, nous porter vers la fin du viol, de la violence, de la guerre.

[La version originale de ce texte a été publiée en 1987 sous le titre « La conciencia de la mestiza. Towards a New Consciousness » dans le livre de Gloria Anzaldúa : « Borderlands/La Frontera : The New Mestiza » (1987, San Francisco, Aunt Lute Books).]

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